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En 2012, dans le cadre des Journées du Patrimoine, a eu lieu en l'église St Pierre de Bourg-de-Thizy une conférence retraçant l'historique de l'ancienne église prieurale. Ce travail a notamment été rendu possible grâce aux recherches de l'historien Patrick Defontaine.
Le prieuré Saint-Jean de Bourg-de-Thizy aurait été fondé en 887 par Ingelaire, troisième abbé de Charlieu. Quelques années plus tard, l’évêque de Mâcon lui octroie la paroisse Saint-Pierre, qui lui était donc préexistante, et qui amène d’importants revenus aux moines. En effet, posséder une paroisse signifie posséder une exploitation agricole avec ses serviteurs ainsi qu’un droit de dîme sur les habitants.
Dès son origine, ou presque, le prieuré Saint-Jean fut donc associé à la possession de terres et d’exploitations agricoles qui explique tout à fait l’utilisation d’une grange. Son enrichissement attira même les convoitises de certains jaloux qui s’emparèrent de nombreuses églises locales, dont celles de Bourg-de-Thizy, et ne les rendirent qu’après l’an 926, lorsqu’un concile tenu à Charlieu avec des évêques les menaça des pires peines éternelles.   Durant toutes les années qui suivirent, le prieuré ne se distingue pas sauf par la bonne gestion de ses possessions et l’absence de tout incident moral.
Les Guerres de Religion causeront beaucoup de dégâts sur le prieuré (destruction du cloître en 1561) et le nombre de moines ne cessa ensuite de décliner jusqu’au XVIIIème siècle. C’est sous Louis XVI que l’ordre est donné de fermer tous les prieurés de moins de 9 moines, c’est donc avant la Révolution que celui de Bourg-de-Thizy disparut; ses biens furent ensuite saisis, puis revendus séparément en 1791 d’après les archives. Si la grange apparaît sur le cadastre de 1813, et que l’on peut deviner qu’elle existait déjà au moment de la Révolution, on ne possède aucune autre information quand à sa datation. On sait, par les éléments retrouvés à l’intérieur, qu’elle servait notamment d’étable.

CHRONOLOGIE LOCALE :
1095 CONSTRUCTION DE LA 3E EGLISE PRIEURALE

- 887 : Fondation de l’église « St Jean de Thizy » (Bourg de Thizy)
        et d’une unité monastique par l’abbé Angelaire au retour
        d’un concile à St Marcel de Chalons
- 889 : L’Evêque St Gérard de Macon donne aux moines la paroisse
         et l’église St Pierre (qui préexistait)
- 910 : Fondation de l’abbaye de Cluny dont dépendra celle de
         Charlieu en 931 et ainsi, celle de Bourg de Thizy
- 926/930 : Création de l’église St Jean/St Pierre  (en bois pendant 30 ans, en pierres, 50 ans et celle dont on parle fut le 3ème modèle en 1095 (date de la première croisade)
- 1281 : Première mention dans des textes de l’appellation « Bourg de Thizy ».
 - 1419 : Passage du Dauphin (futur Charles VII) à Thizy où il fait « scandaleusement la feste ! »
- 1570 : Guerres de religion; Thizy est en partie brûlé (destruction du  Prieuré, l’église est épargnée)
- 1590 : Siège de Thizy par les Ligueurs
- 1596 : Démolition du Château de Thizy sur l’ordre du Roi Henri IV
- 1897 : Construction de l’Eglise actuelle
- 1898 : Démolition de l’ancienne Eglise prieurale
 
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L'historien Patrick Defontaine nous a également mené un riche travail sur les chapiteaux du prieuré de Bourg de Thizy :

« Il ne faut pas s’obnubiler sur Cluny. Le prieuré de Bourg de Thizy a été créé en 882, soit 28 ans avant Cluny ; c’est d’abord une dépendance de Charlieu (qui intégrera Cluny en 931), et Charlieu agit avec la préoccupation de contrer le château du sire de Beaujeu à Thizy. Bourg de Thizy va bénéficier d’influences diverses, et d’abord en architecture du style de Saint-Victor-sur Rhins (clunisien), lui même influencé par Saint Romain le Puy (dépendance d’Ainay, Lyon). En tant qu’unité monastique, Bourg de Thizy sera une communauté exemplaire, c'est à dire du même modèle) que les autres prieurés rattachés à Cluny jusqu’ la veille de la Révolution, où son dernier prieur deviendra abbé de Lérins (le plus ancien monastère de France). Ses chapiteaux  ont les mêmes qualités que celles du « premier art roman », avec des figures assez semblables à celles de la crypte de l’abbaye de Cruas (abbaye indépendante, Ardèche), des piliers de l’abbaye de Vignory (dépendante de l’abbaye Saint Bénigne de Dijon, Hte Marne) , et ces 2 abbayes n’étaient pas clunisiennes. Mais on trouve aussi une parenté avec certains chapiteaux de l’ église priorale clunisienne d’Iguerande( Saône et Loire), plus récente que Bourg de Thizy et qui a pu s’en inspirer. Ceci prouve que des équipes d’artistes maçons et sculpteurs (c’est le même corps de métier au moyen âge) se déplaçaient en offrant leurs services à ceux qui voulaient bien les payer, et les longues distances ne les effrayaient pas. Le concept de « premier art roman » a été promu il y a un siècle en Catalogne, répandu en France par Charles Oursel vers 1930 et vient de faire l’objet d’un colloque de réactualisation par l’Université de Besançon. Ce qu’il y a d’extraordinaire pour les chapiteaux de Bourg de Thizy, c’est qu’on ne sait pas où ils ont été installés à l’origine, ni ensuite conservés. Lorsqu’ils furent sortis de leur obscure cachette et décrits à l’inventaire du Rhône, vers 1990, le Conservateur départemental fut tellement surpris qu’il pensa qu’il s’agissait de « faux rappelant l’art cubique ou l’art nègre ». J’ai soumis cet avis à Raymond Oursel, peu avant sa mort, et ce  grand spécialiste de l’art roman m’a écrit qu’ il assurait que c’était d’authentiques pièces du premier art roman ».

Patrick Defontaine